LE FOOTBALL CONGOLAIS ÉVOLUE EN DENTS DE SCIE Quelles en sont les causes ?
De toutes parts on entend dire que la R.D. Congo est une grande nation du sport en général et du football en particulier. Le classement mensuel de la FIFA la place parmi les 10 premières en Afrique et parmi les 50 premières au monde du football. Ce classement ne semble pas traduire la réalité. En effet, l’année prochaine ,la R.D Congo totalisera 60 ans en tant que pays souverain. Le bilan sportif des 6 décennies de son histoire ne reflète pas la grandeur de la R.D Congo. Une coupe d’Afrique des Nations, une participation à la coupe du monde de football, 2 coupes de la CHAN, 4 coupes d’Afrique de la ligue des champions ,deux participations à la coupe du monde des clubs avec comme résultat le titre de vice-champion du monde des clubs.Comme total des trophées africains à son actif, la R.D.C a une moyenne d’une coupe tous
les 8 ans au cours de ses 59 ans en tant que nation. C’est un bilan qui ne peut pas valoir à la R.D Congo le qualificatif de grande nation du football par rapport à son potentiel sportif. Quelles en sont les causes, s’interrogent les observateurs sportifs.
LE MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE
Les critiques les plus acerbes pointent d’un doigt accusateur le manque de volonté politique des dirigeants congolais dans tous les domaines de la vie nationale, le sport y compris. Le sport en général et le football congolais en particulier ont déjà dépassé le stade d’un simple divertissement ou d’une distraction. Le football est devenu un secteur important dans le développement économique d’un pays. Tout en lui reconnaissant son caractère de fait social par excellence, Il regroupe facilement les gens de différentes couches sociales de diverses catégories socio-professionnelles, de différentes provinces dans un pays ainsi que différentes nations. Bref, il demeure un trait d’union entre les humains. Eu égard à sa contribution au développement économique du pays, le football mérite l’attention particulière des dirigeants du pays. Un budget conséquent, une bonne planification et une bonne gouvernance sont des facteurs importants pour le développement du sport en général et du football en particulier. Avec la création d’un institut National des sports effectif, bien structuré et très bien équipé ayant pour instructeurs des cadres hautement qualifiés, nos clubs bénéficieraient de l’expertise des cadres compétents. A l’heure actuelle, combien d’encadreurs des clubs au pays ont reçu une formation adéquate ? Une bonne planification éviterait à notre football de l’improvisation. Avec des objectifs bien définis pour chaque saison, le travail des techniciens sur terrain serait allégé et le résultat serait satisfaisant et encourageant. Il y aurait
plus de réussites que d’échecs. La gestion financière des structures d’encadrement du sport au niveau national, provincial et local doit répondre aux exigences de la bonne gouvernance. Mais qu’a-t-on constaté durant les 5 dernières décennies ? Les dirigeants sportifs s’enrichissent au détriment des structures sportives qu’ils dirigent.
L’argent décaissé par l’Etat n’arrive pas à destination ou ne sert pas aux besoins auxquels il a été affecté. Comme
conséquence, depuis plus de 50 ans, les léopards ne sont montés à la première marche du podium africain du football qu’une seule fois, en 1974,année considérée comme celle de l’ascension du football congolais et au même moment comme le déclin de cette discipline sportive suite à l’humiliante élimination de notre équipe nationale à la coupe du monde de football avec zéro point, zéro but marqué et 14 buts encaissés. De 1974 à 2019, l’équipe nationale congolaise n’a réalisé qu’un tout petit pas. Après avoir été repêchée comme meilleure perdant, l’équipe nationale congolaise a démontré ses limites à la CAN Egypte 2019, en n’arrivant pas à franchir le cap des 8emes de Finale et tenue en échec par une jeune équipe nationale malgache qui participait pour la première fois à une phase finale de la CAN. Parmi les causes n’ayant pas concouru à l’émergence de l’équipe nationale congolaise, on peut citer notamment le mauvais recrutement des sélectionneurs des Léopards qui s’effectuaient au sein d’un groupe restreint de mercenaires sportifs européens qui sillonnent le continent africain. Ces derniers se disent spécialistes du football africain, mais rares sont ceux qui parmi eux ont remporté des trophées. Claude Leroy, Menard, Neveux etc. qui sans gêne arrachent des contrats dans des conditions obscures en exigeant des émoluments très salés. Une autre cause, c’est le recrutement conditionnel des joueurs par les techniciens congolais. Le gouvernement congolais ne disponibilise pas l’argent nécessaire à temps. Tout se fait à la dernière minute. Le recrutement s’effectue à la hâte .certains joueurs ont l’obligation de rétrocéder une partie de leurs frais de mission au staff technique afin d’espérer être alignés. Tout ceci traduit le manque d’amour patriotique. On sert le football pour les intérêts personnels.
LES CLUBS SAUVENT LA FACE …
Les résultats réalisés par les clubs de football congolais dans les compétitions interclubs de la CAF font que la R.D Congo mérite d’être considérée comme une des grandes nations du football. Car c’est par les clubs que la
R.D Congo soulève des trophées. C’est aussi par les clubs que la R.D Congo est régulièrement présente dans les compétitions africaines. Le côté positif des clubs est que leurs dirigeants ont déjà compris que la gestion d’un club ne peut, se comparer à celle d’une boutique privée. Comme véritable entreprise de production, le club doit être doté d’un budget conséquent et des objectifs précis. Chez T.P Mazembe, l’AS V clubs, Maniema Union, Sanga Balende etc, cette réalité est connue et appliquée. Ce qui explique que depuis la décennie 2000, les clubs de football congolais par leur bonne structuration sont omniprésents sur l’échiquier africain. Depuis 1981 après le 3e sacre de Mazembe jusqu’au début de la décennie 2000, le football congolais a navigué à vue et sans moyens nécessaires. Conséquence,le football a patiné. Le péché mignon des clubs de football congolais, c’est d’abord l’instabilité. Le FC St Eloi Lupopo et DCMP dans une certaine mesure, le FC Dragon, l’AS Bantu, le FC Tshipepele, Bukavu Dawa ont payé de lourds tributs suite à cette instabilité. Deux virus rongent le football congolais au niveau des clubs. D’une part, les dirigeants « vendent» les jeunes talents émergeants sans le respect du règlement en la matière et ils recrutent de nouveaux joueurs, sans l’avis du staff technique. Les clubs ne préparent pas la relève. Le football étant devenu un grand business, on procède à l’achat des jeunes dans d’autres clubs et on
abandonne la préparation de la relève par l’entretien des clubs d’âge. Ces derniers doivent pourtant servir de pépinière pour les clubs seniors. L’AS.V. Club, le FC Lupopo, l’AS Dragon, Sanga Balende vivent actuellement les conséquences de cette situation. D’autre part, les joueurs eux-mêmes, estimant avoir atteint un haut niveau, fuient leur club pour contraindre les dirigeants à négocier avec leur club d’accueil, souvent dans des conditions; tendues.
Dans l’un ou l’autre cas, le staff technique est souvent obligé de recommencer le travail de remise à niveau pour chercher à imposer la cohésion au sein de l’équipe et dans l’entre temps le championnat se poursuit et les supporters sont très exigeants pour le titre du championnat. Le second virus est le système des petits clans parmi les clubs de la Linafoot, pour une sécurisation, mutuelle. Les moyennes et les petites formations sont sous le parapluie des grandes équipes ; T.P Mazembe, AS V. Clubs et dans une certaines mesures DCMP. Elles ont pour mission de tout mettre en œuvre pour déstabiliser l’adversaire éventuel du chef du clan dans la course vers le titre et de jouer la complaisance pour favoriser celui-ci.
IL Y A LIEU DE MIEUX FAIRE
En prenant chacun ses responsabilités, en combattant tous les maux qui rongent le football, énumérés ci-dessus,
il y a lieu de mieux faire pour éviter les hauts et les bas dans le développement du football congolais. Pour que la R.D Congo soit réellement considérée comme une grande nation de football, il faut qu’elle arrive à organiser sur le territoire national une phase finale de la coupe des Nations. Actuellement le grand handicap demeure le manque ou l’insuffisance d’infrastructures. Construire de grandes infrastructures sportives aux dimensions internationales s’impose. Ceci doit être considéré comme la première des priorités dans ce secteur. A défaut,
moderniser certain stades existants, Car dans le secteur des infrastructures sportives, il existe des infrastructures hospitalières adéquates pour accueillir les compétiteurs et les férus du ballon rond.
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